CALIBRE 12 : Whiskey sans Glace titre par titre
(par Pat Leblanc et John Molet)


Pour la sortie du nouvel album de Calibre 12 ("Whiskey sans Glace"), RTJ a proposé à 2 membres du groupe de nous dire quelques mots sur chaque titre de l'album, un peu comme l'a fait Lynyrd Skynyrd sur
Classic Rock Mag pour la sortie de "Last of Dyin' Breed" !

C'est donc Patrice Leblanc (alias « Pat Freeman »), le chanteur, et Southern John qui ont bien voulu se pencher sur l'exercice ! Une façon différente et sympa d'aborder une interview !

1/ Whiskey sans Glace J. Marie Coron-Pat Leblanc

Pat : Jean Marie est venu un jour avec cette idée. Une écriture musicale un peu différente de celle de d'habitude,
et en plus, il me dit: « Si tu peux m'écrire quelque chose là-dessus, et j'aimerais que ça s'appelle "Whiskey sans glace" »

J'ai écrit comme d'habitude en faisant tourner le morceau régulièrement, et le thème évident m'est venu très vite. Je ne voulais pas une histoire glauque de beuverie avec les choses habituelles. Juste une histoire différente où un "monsieur tout le monde" veut noyer son chagrin dans l'alcool pour oublier.

Il parait que ça marche ? Malheureusement, c'est sûrement très ponctuel !

John : Musicalement c'est un des tout derniers morceaux qu'on a réalisés pour cet album. En fait tout est parti d'un riff de guitare de Jean Marie sur lequel Laurent (bassiste) a improvisé immédiatement une partie de basse qui sonnait bien. A partir du moment où ça sonnait sympa en improvisant, on s'est dit pourquoi pas en concrétiser un vrai morceau ? On a d'ailleurs décidé d'en faire le titre de l'album à partir du moment où l'expression pouvait concevoir un double sens. Pour nous. "Whiskey sans glace" c'est un peu l'équivalent de "sans concession" ou
"sans compromis" !

2/ Tant pis pour moi John Molet-Pat Leblanc

Pat : Ce morceau est très personnel: j'avais déménagé à 300 bornes de Tours et donc, une fois par semaine, je faisais 3 heures de route pour venir répéter avec les gars.

Après une petite galère professionnelle, moi qui avais quasiment toujours travaillé tout seul, j'ai voulu faire la tentative de travailler pour quelqu'un.

Aïe, aïe, aïe ! Ça s'est très mal passé ! Moi, le "Freeman" comme m'a surnommé mon ami John, j'étais devenu le "mouton" que je ne voulais pas être.

Un jour, en rentrant de répétition, je glisse l'enregistrement que John venait de me passer, et j'ai écrit spontanément ce que je ressentais sur le volant de ma voiture.

John : Lorsque j'ai conçu musicalement ce morceau, je me souviens avoir vaguement pensé à des trucs du genre « Back Door Stranger » (38 Special) ou « Rock'n Roll Jesus » (Kid Rock). Ensuite le morceau a fait son chemin et a donc logiquement évolué au travers des doigts, des ressentis persos, et des lignes vocales, et donc inévitablement il en est ressorti personnalisé Calibre 12. Alors une fois assimilé le texte de Patrice, qui est à la fois très personnel (comme il dit) mais qui peut sûrement s'adapter à beaucoup de gens (j'imagine, en tout cas ?), il est devenu un de mes titres préférés en live comme sur l'album !

3/ Ça va morfler John Molet-Pat Leblanc

Pat : Alors là, celui-là, c'est quelque chose, car je ne pensais vraiment pas qu'il ferait partie un jour de morceaux choisis par CALIBRE.

Pendant le break de 5 ans environ de Calibre 12, John avait pris l'habitude de m'envoyer ses musiques pour que je mette des paroles dessus et, de temps en temps, on se retrouvait à la cave où nous répétions avant, et là il enregistrait mon chant sur sa musique. On a fait comme ça pas mal de morceaux, dont certains ont été conservés et d'autres non. Bien sûr, John a beaucoup aimé celui-là et a tenu à ce qu'on le joue en concert. C'est une petite histoire que j'ai imaginée et écrite en 5 minutes. La situation me faisait rire, je l'ai couchée sur papier.

John : Alors celui-là j'adore aussi ! En fait, au départ, j'avais bricolé sur mon magnéto un riff un peu sauce ZZ Top (je suis toujours sous influence) et je ne savais pas trop quoi lui accoler pour en faire un morceau, et puis soudainement j'ai sauté sur un enchaînement d'accords qui m'a rappelé un peu "Sweet Dixie" du vrai Molly Hatchet. J'ai donc immédiatement construit autour de cette atmosphère et Patrice a raconté une histoire qui me fait toujours marrer aujourd'hui lorsque je l'entends la chanter ! Pour le premier chorus, on a invité un pote (Jules Yentoma des Fusebreakers) qui nous a gratifiés d'un passage harmonisé à 3 guitares des plus sympas !

4/ Dans le milieu de la nuit J. Marie Coron-Pat Leblanc

Pat : Encore une écriture musicale différente de M. Jean Marie Coron. J'adore ce morceau. Comme pour "Whiskey sans glace", le désir de JM était que ce morceau s'appelle "Dans le milieu de la nuit". Je suis donc parti sur cette idée, avec la volonté d'écrire aussi quelque chose de différent. J'ai passé des heures à me creuser la tête et à chercher au plus profond de moi ce que cette musique et ce thème m'inspiraient.

C'est, je pense, ce qui se passe dans la tête de beaucoup de gens, lorsque le monde autour d'eux n'est plus que "silence" !

John : Un jour, Jean Marie me propose 30 secondes de riff qu'il venait de d'enregistrer sur son magnéto ! Wouahh ! D'emblée, je trouvai l'atmosphère très swamp blues, d'autant qu'il avait déjà rajouté des bruitages autour (crécelle, serpents à sonette, etc...). Ça sonnait vraiment "sombre" et l'intérêt pour construire autour s'est déclenché immédiatement, mais comme pour tous les groupes qui chantent en français, le plus dur était à venir ...car il n'est jamais très évident de conserver un esprit calqué au travers d'un riff et d'une sonorité guitare lorsqu'on doit y rajouter une ligne vocale sur un texte en français. Et bien finalement je crois qu'on a globalement réussi à rester fidèle et cohérent avec le riff de départ et a priori on ne modifie pas l'esprit et l'atmosphère du morceau ! A noter aussi un moment spécial lors de l'enregistrement de ce titre, c'est lorsqu'un matin de bonne heure (la tête dans le c... de la veille) nous avons improvisé un passage acoustique qui finalement a été conservé et se retrouve gravé au début et à la fin de ce morceau !

5/ Fille de Rêve John Molet-Pat Leblanc

Pat : Bon, je sais ce qu'on va me dire. On est dans le thème "bateau" des morceaux "Rock". Et bien oui! J'avais écrit ce morceau avec tonton John dans notre période "break Calibre", et je l'ai ressorti et adapté sur cette musique que John a écrit. Ça n'est pas très original, mais je pense que beaucoup de gens se reconnaîtront et se rappelleront leur jeunesse passée... Sniff...

En ce qui me concerne, je n'aime pas trop les "beautés fatales". Je préfère, et de loin, la spiritualité, la personnalité et la gentillesse, à la simple apparence.

John : C'est effectivement un morceau simple sur un tempo simple, mais l'important, c'est surtout qu'il dégage une forte efficacité. En tous cas, ce fut un des titres les plus faciles à enregistrer rythmiquement, ce qui nous a logiquement rassurés pour la suite !

6/ Big John Boogie John Molet-Pat Leblanc

Pat : On est vraiment dans un thème où tout le monde peut se reconnaître. Surtout aujourd'hui ! Citez-moi une seule personne à qui il n'est pas arrivé de se lever de cette manière, je ne vous croirais pas. J'aime bien écrire sur ce thème, et ne croyez pas que je sois pessimiste, car c'est tout le contraire ! J'ai voulu beaucoup de paroles car je voulais vraiment que ça swingue, à la limite du "jazzy". En tous cas dans l'interprétation. J'espère que c'est réussi et que le ressenti de ceux qui l'écouteront sera le même.

John : Sur ce morceau il y a eu du boulot, d'abord parce que les tempos "ternaires" ne sont jamais très simples à faire sonner, et surtout aussi parce que nous avons multiplié les guitares rythmiques et renvois de chorus. A la base, nous voulions un truc qui oscille entre gros rock pêchu et subtilités jazzy. Bon même si musicalement on n'a pas grand chose à voir avec le Jazz, on pense tout de même avoir réussi à faire sonner le morceau ! On l'a appelé Big John Boogie car bizarrement on n'avait pas vraiment de nom correspondant, et plus le temps a passé, plus on a oublié de lui chercher un titre, il n' y a donc aucune relation directe avec le texte !

7/ Alors pars J. Marie Coron-Pat Leblanc

Pat : Au départ, j'avais écrit l'histoire d'un mec qui s'était fait larguer par sa nana et qui "chialait" tant qu'il pouvait. Ce n'était pas "Rock" ça... Quand même ! Alors, j'ai tout modifié et ça a donné un mec avec une vraie personnalité. Un rocker, quoi! Bon, il s'est quand même fait larguer aussi, mais on n'y revient pas. C'est vrai quoi ! Non mais des fois ! Plus sérieusement : au départ, la ligne mélodique que nous avions créée avec JM était plus FM, si j'ose dire. John ne la trouvait pas adaptée à notre style et il avait parfaitement raison. En la durcissant un peu, du coup, on a durci la réaction du mec qui s'est fait larguer!

John : Morceau assez délicat, car très longtemps incertain sur le texte et la ligne vocale à lui soumettre, c'est tellement plus facile de faire du yaourt en répet' qu'inconsciemment on pensait que tout allait rouler en peu de temps. Il n'en fut rien… C'est d'ailleurs un des morceaux sur lesquels on a passé le plus de temps !

8/ Vie conventionnelle John Molet-Pat Leblanc

Pat : C'est une petite moquerie sur les gens qui sont rentrés dans "le moule", comme on dit. Rien de bien méchant, bien sûr. Juste une vision très différente de la mienne. J'ai imaginé un mec qui se réveille dans un monde qui n'est pas le sien. Ça pourrait être également l'inverse. La fin parle d'elle-même : quand autour de moi tout sera bien régulier, c'est que je serai entre quatre planches (Euh six plutôt, non ? Note du correcteur) : plus aucune importance.

Toutes les personnes qui sont "free lance", si j'ose dire, ressentent la même chose et se reconnaîtront sans peine.

John : Alors celui-là c'est très particulier. Cela faisait déjà un moment que je l'avais concocté musicalement, mais à l'époque sous une sorte d'influence Status Quo ou même Doobie Brothers, et quand nous l'avons joué les premières fois, il a soudainement pris une tournure très différente de celle que je pensais au départ. C'est un peu classique lorsqu'un titre est mis à l'appréciation de chaque musico. Quoiqu'il en soit, il s'est reconstruit collectivement, et bizarrement je dirais même qu'il s'est définitivement concrétisé lors de l'enregistrement, à ma grande et agréable surprise !

9/ Rendez moi mon Soleil John Molet-Pat Leblanc

Pat : Nous avons parfois le sentiment de ne pas être à notre place. De vivre dans un monde qui n'est pas le nôtre. D'être en décalage total. Alors, on a envie de sortir dehors et de gueuler à tout le monde "Donnez moi la vie que j'aimerais". Toujours dans ce thème qui parle du manque de liberté. Pour ceux qui n'ont pas envie de vivre une "vie conventionnelle", mettez ce morceau à fond, et gueulez avec moi: "Rendez moi mon soleil"... On ne sait jamais... Ça peut marcher !

John : Une vieille compo que j'avais réalisé avec Patrice lorsque le groupe était en stand-by et qui a pris un nouveau relief lorsque nous avons décidé de l'inclure dans la set-list du nouveau Calibre 12, un thème en double lead, esprit très sudiste, des slides et chorus dans le même registre... Un morceau qui a beaucoup accroché dès les premières fois où nous l'avons joué sur scène !

10/ Saturday Night Frimeur Molet-Coron-Leblanc

Pat : J'ai écrit quelques lignes pour ce morceau en écoutant la musique comme d'habitude. Je crois que c'était une des premières fois que j'écrivais sur de la musique et je n'arrivais pas à le finir. Autant être honnête et rendre à César ce qui lui appartient : Jean Marie est venu à mon secours et a fini ce morceau. Nous l'aimions tous et nous l'avons joué pendant 20 ans sans qu'il apparaisse sur aucun des trois premiers "opus" de Calibre. « Saturday Night Frimeur » représente "l'esprit" de Calibre. Nous avons enfin décidé de le graver afin qu'il reste à jamais dans nos mémoires.

John : C'est vrai que c'est un des tous premiers morceaux écrits pour Calibre 12 il y a une vingtaine d'années, et quand je le réécoute aujourd'hui je me confirme que c'était une époque fortement influencée musicalement par Molly Hatchet. Plus ou moins inconsciemment, j'avais fait un riff qui était proche et dans le même esprit que « Bounty Hunter » ou « Beatin the Odds » par exemple. C'est le genre de morceau qui plaît bien en concert car le tempo balance bien et donne envie de bouger !

11/ Le ciel peut attendre John Molet-Pat Leblanc

Pat : Je me suis levé un matin et j'ai couché quelques lignes qui me passaient par la tête sur un brouillon. Lorsque j'étais adolescent, une chose m'avait frappé : mon grand père, qui était en train de mourir, faisait des projets d'avenir. Lui qui, toutes ces dernières années, ne cessait de répéter qu'à son âge il pouvait partir, qu'il n'avait plus rien à faire, et bien là, au moment de franchir le pas, il pensait qu'il avait encore des choses à faire. John a écrit une bien belle musique, et j'ai mis mes mots sur ses notes. C'est bien le plus bel hommage que je pouvais faire à l'une des personnes que j'aime le plus. On est tous passé par là, et on passera tous un jour par là !

John : Pour ce qui me concerne je suis un inconditionnel des ballades. Le Southern Rock possède d'ailleurs de nombreux joyaux dans ce domaine, alors pour ce titre je n'ai pas dérogé à mes habitudes que sont créer si possible une belle trame d'accords simples et mélodieux, et ensuite poser dessus un thème "émotion" en harmonie-guitares qui sonne bien et qui se retienne, installer des nuances et une émotion vocale adaptée et hop… Aprés c'est le feeling qui valorise ou non le morceau... Alors sans oser faire la moindre comparaison avec les perles réalisées par les grands groupes sudistes, je pense que certains y reconnaîtront quelques "clins d'oeil" voulus et respectueux envers nos plus grandes influences. Parfois il m'arrive même d'avoir "la chair de poule" en écoutant ces passages et les gens à qui ils font référence !

12/ America Rock n Roll John Molet-Pat Leblanc

Pat : Je pense que toutes les personnes qui aiment ce style de musique aiment les Etats- Unis. L'histoire de ce morceau est marrante : j'ai écrit des paroles sur ce rock'n roll, en prenant le thème "bateau" du mec qui traverse les USA dans son "truck" et qui va retrouver sa "belle" en fin de semaine. Tous mes potes de Calibre ont fait la gueule et m'ont demandé si je ne pouvais pas écrire autre chose. J'ai repris mes brouillons et j'ai retrouvé les notes d'un morceau que nous avions fait pour le plaisir avec John. Ça parlait d'un rêve de môme, et c'est devenu "América Rock".

John : Un « fuckin' Rock'n Roll » comme on dit là-bas… Encore une fois un titre sous influence non dissimulée, des morceaux comme « Take Miss Lucy Home » (Molly) ou « Turn it on » (38 Special) font incontestablement partie de mes écoutes favorites, alors j'imagine que les atmosphères d'América Rock'n Roll véhiculent des points communs avec les titres cités précédement, même si jamais je ne cherche à copier tel ou tel morceau des autres. Mais voilà... Le disque dur du cerveau ne pourra sûrement plus être reformaté maintenant !

13/ Sèche tes larmes J. Marie Coron-Pat Leblanc

Pat : Tout le monde sait ce qu'on ressent quand on est attiré par une passion plus forte que tout ce qui peut exister autour. C'est terrible : on a du mal à voir autre chose et on est complètement accaparé par ce phénomène. Il peut être constructif, ou au contraire destructeur. Pour bien comprendre, lorsqu'on est pas "joueur", on peut lire la biographie de Stu Ungar, je m'en suis inspiré !

John : Un titre écrit par Jean Marie où Patrice a choisi d'exprimer sa passion pour le jeu. Musicalement on pense principalement au Classic Rock avec toutefois une pointe Southern dans le chorus en double lead… Simple et efficace !


14/ Viens je t'emmène John Molet-Pat Leblanc

Pat : Thème, ô combien utilisé ! Mais jamais épuisé !

J'aime bien parler de ces choses-là. Qui n'a pas rêvé un jour de tout larguer et de tout recommencer ? Ça nous touche tous de manière différente, même si ça reste un rêve pour la plupart d'entre nous. Jean Marie avait d'ailleurs écrit sur ce thème "Partir ailleurs" sur le premier album. Un morceau que j'aime beaucoup.

John : Un peu dans la même ligne que le précédent (« Sèche tes larmes ») , le genre de morceau qui permet d'établir la confiance sur scène et la communication vers le public, et qui, du fait des refrains volontairement accrocheurs, parle rapidement aux oreilles des gens... Good old Rock'n Roll !

Merci à RTJ et à ses lecteurs qui soutiennent le groupe Calibre 12 !

Et comme le dit si bien Don Barnes à la fin des concerts de 38 Spécial  : "Keep on rockin" !

Pat "Freeman" et Southern John

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